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LE sr;nrsN·r NOIR` 341 des dunes et redescendait vers la chapelle,·à la suite de la châsse. Soudain elle s’écria : — Où donc est—il?... Je ne le vois plus... Ah! si, le voilà. Sa femme l’a repris... Dieu! que j’ai peur de le perdre... Vous nfaiderez à ne pas le perdre, dites, monsieur Guichardot? Elle sanglota presque, comme une écoliere sup- pliante. Je lui promis la victoire, autant que me le per- mirent les bruits et les bousculades. Enfin nous pùmes nous jucher sur le-mur bas quiclôture le jardin sacre. La procession rentrait. Sous la chasse, petite église d’or, que haussaient, devant la porte, quatre gaillards · de Locronan, les fidèles détilèrent. Toutes les 'mains osseuses des vieillards, toutes les mains calleuses des laboureurs, toutes les mains rouges des lavandières; toutes les mains bossuées, tailladées, goudronnées des marins, toutes les mains touchaient la frange verte, qui pendait de la châsse. Ensuite elles faisaient le signe de la croix, quand se courbaient les tetes pour s’introduire dans l’ombre illuminée de la chapelle. M“‘“ Goulven et son mari passèrent à leur tour. Ils effleurèrent aussi la frange de miracle, et s’enfonce- rent dans l’obscur. Le chant des vêpres s’exalta. ·— Vous voyez, - murmura madame Hélène, — vous voyez : elle l’a reoonquis... — Quoi donc ‘?... - interrogea Gilberte. " Elle croyait que sa mère m’expliquait un détail sym- bolique de la procession. Des lors l’enfant fut témé- raire et insupportable. Ses facéties enchantérent son aïeule. Nous dûmes les approuver par nos réparties comme par nos louanlges, jusqu’a ce que les Goulven . nous eussent rejoints près- de l’automobile.