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328 LE sauveur Nom le bras el; chantant les refrains de la côte. Bleus et rouges, de petits soldats permissionnaires accompa-`_ guaient des mamans joviales, obèses, troussees. La paresse mentale de cette race regardait le pas- sage des automobiles écarlates et stridentes, chargées de fantômes informes, comme elle eût regardé partir de terre un peloton de corneilles croassantes. Nulle curiosité visible n’exicitait leurs intelligences, quand mon adresse eflleurait, sans l’at|;eindre de mes roues, la procession de ces familles gourdes et vêtues de drap neuf. Soudain le dernier vallon s’ou— vrit sur une plage. Elle etait maâmiûque, rousse, baignée par la mer qui, du large, accourait et se ruait entre deux promontoires. Dans les vibrations de la lumiere fraîche, sur l’espace de sable, vaguait encore une foule noire et nette, comme tracée a la plume par un art humain. Cette masse fourmillante se hàtait aussi _pour se rendre, dans les dunes qu’escaladait notre machine ai la faveur d`une route provisoire. Enfin nous arrivàmes dans le vallon de La Palue. ll s’approfondit, derriere les collines de sables, ai l’abri des tourmentes. Nous pénétrames une foire ou ton- naientles pétards annonçant le triomphe des garçons au jeu de maillet. La braillaient les tenancières des loteries. Les somnambules touraniennes, en cheveux gras, exhibaient, sur le seuil de leurs roulottes, les diplômes scientiliques conquis dans les facultés étran- gères. Les grillades de sardines parfumaient le vent. Mitrées de blanc, parées de superbes moires cramoi- sies ou bleues qui pendaient de leur oreille gauche,les · Bigoudines aux faces chinoises paradaient sous leurs _ cuirasses de broderies jaunes, riaient au matelot qui pinçait leurs vertugadins, croquaient des berlingots,