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‘ LE saaram Nom · 327 _ e Mes roues élastiques brülaient le sol allongé jusqu`à _]a baie palpitant sous les lumières du ciel. L’essor de notre masse enorme épouvantait les conducteurs de calèches. Ils poussaient leurs harîdelles au talus, pendant que s’indignaient les nobles dames a l’abri de leurs ombrelles. Tout notre fracas m'amusait comme la témérité joyeuse de` mon esprit qui bous— culerait bientôt la mollesse de ces petites volontés et de ces petites âmes, ainsi qu’eIle bousoulait les ' cailloux du chemin, et les rejetait aux buissons, aux hêtres penchés sur les fossés, aux petits chênes étron· çonnés sur les bords des prairies, à toutes les créa· tures immobiles que chauffait, que dorait d’ardeur du jour, que fardait la poussière. En longues files, et leurs prêtres rustiques devant, les paroissiens arrivaient de leurs églises, par les ve- nelles. Ils débouchaient des chemins creux, suivaient les sentes dans les ajoncs, aux flancs des collines. Un peuple noir aflluait aux carrefours, comme les _ flots d’un lac_ en houle assaillant les carènes des voitures légères que traînaient les chevaux enfoncés ' jusquïau poitrail dans la foule, et qui semblaient_ plutôt y nager avec effort. Une rumeur immense et marine sourdait partout des feuillages, des haies, des vergers, des pelouses. Les hameaux .criaient, par toutes les fenêtres, la liesse des filles ajustant leurs

  • cornettes, sur leurs figures rondes et douces. Dans `

les pâturages, les bandes se déployaient. Et les ombrelles se bombaient, luisaient au soleil, par—dessus les cous hàlés des ménagères qui portaient la pro- vende au fond de leurs paniers. Des essaims de sémi— ` naristes se hàtaient parmi les ailes de leurs manteaux. _ Des marins alertes et poilus tanguaient, se tenant par