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LE sunrmvr Nom 323 — Savez—vous pourquoi j’ai voulu cette halte à Locronan? . — Mais, pour nous montrer cette curieuse basi- I lique, cette ville étrange, ces intérieurs luxueux de vrai' style breton que Pon entrevoit par les fenêtres ouvertes au rez—de—chaussée, ces meubles en dentelle · de hêtre qu’0rnent des cuivres parfaits, ce vieillard de qui les longs cheveux blancs et jaunes couvrent les épaules en gilet d’azur... —— D'abord, oui; mais aussi parce que j’étais chargée par Anne-Marie de reciter une dizaine de cha- pelet·'à son intention, devantle tombeau du saint... Incontinent elle m'apprit que la mère de cette ûlle avait dù la venir chercher at Keryannic, ce dimanche même, pour l’emmener. A l'heure ou nous quittions Belle-Ile, Mm Goulven était prévenue déjà de cette séparation. Sans lui certitler la chose, elle l’avait prudemment laissé entendre a la camériste. Anne- Marie ne redoutait rien tant que de retourner dans les étables de Borderune : elle avait supplie sa pro- tectrice d'accomplir ce pèlerinage à son intention. J’exprimai ma tristesse de cet événement, bien qu’il me débarrassât d’une amoureuse un peu gênante, a la fin. _ _ — C’est à cause de v0us·qu’Anne—Marie s’en va, — me déclara M'“° Goulven sévèrement. Je fis l`étonné. Les parents de la pécore avaient ouï ·dire qu’on m’avait vu l’embrasser dans la lande. De là toute la catastrophe — Suis—je si répugnant que mes baisers dégoûtent cette famille rustique? —- m’écriai·je plaisamment. M"‘° Goulven me rabattit le caquet, avec une fer- meté tout inattendue. Elle m’arrêta sur le chemin de