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322 LE snnram Nom tabliers à carreaux, et surmontées de petits bennins. Le docteur nous fit descendre, passer le cintre du porche, sous le donjon du clocher. Mm Goulven nous mena devant le tombeau de saint Ronan. Il dort roide, et les mains jointes, sur une table que supportent six pieuses dames agenouillées dans leurs costumes de chatelaines. Goulven n’ignorait rien de la légende particuliere à ce moine défricheur et laboureur, et nous la récita pertinemment. Tout lui était familier de ce pays, l‘histoire de la prospérité, lorsque les industries mécaniques n’avaient pas supplanté le tissage manuel, et celle de la ruine, lorsque les fabriques avaient vendu les étoffes à meilleur compte, réduit beaucoup le commerce des artisans, désolé les familles laborieuses, dépeuplé cette ville. Seules demeuraient en magnificence l‘église ouvra- gée, la place, l’architecture de quelques rues désertes où le mutisme des paysans avait remplacé les pro- pos malins du négoce, et les discussions du trafic. Je félîcitai notre hôte d’un tel savoir, aiin de per- mettre E1 son amante de rompre un silence par des louanges que justitiaient les miennes. Madame Hélène remercia le docteur avec une effusion imniodérée. Ses yeux, ses sourires décelèrent trop l’excès de son affection. L’épouse s’en aperçut. Son nez se pinça. Elle pâlit sous les taches de rousseur, pendant que nous descendions les marches du pieux édifice en vantant l’architecture harmonieuse et variée des deux porches, des deux façades, l'une basse et légère, au pignon accru d’une fleche svelte, l'autre massive et haute, supportant la tour quadran- gulaire du clocher. M“‘° Goulven me demanda tout a coup: . ‘