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— LE SERPENT`NOIR 3*21 masqua son angoisse. Il n’y eut que Gilberte et moi pour nous intéresser, le soir, à l’automobile que mon wauman avait amené. J’inspectai dans la cour, les mécanismes; car le véhicule devait, le lendemain, nous transporter, par les campagnes, vers la baie de Douarnenez, au célèbre pardon de Sainte-Anne-La Palue. Durant ce trajet, l’obligation me fut de veiller aux dérapages possibles, de régler la vitesse pendant les montées, et les descentes, d’éviter les Bretonnes aux coiffes coniques, les Bretons en vestes bleu de roi, boutonnés d’or et parés de velours. Je ne pus m’occu- per de mes victimes. · l\<I"‘° Goulven voulut passer par Locronan. Jadis opulente, aujourd’hui déchue de sa richesse, cette cité de tisserands l`attirait. Pour y conduire, la route tourne en labyrinthe tres longtemps, autour d’une montagne boisée. L’automobile rontlait et bourdonnait en montant les côtes. Puis la mer violette apparut, dans le cirque profond qui forme la baie de Douar- Y nenez. Après les prairies et les champs d’avoine entre- coupés de bocages, le chemin redescend, aboutit à la place encadrée de maisons anciennes, cossues, cons- truites en pierres sombres dont les joints blaucs quadrillent symétriquement les façades. Beaucoup de gars hauts sur jambes se rassemblaient, pour la marche ·au pardon, devant le parvis de l’église. J’arrêtai mon véhicule, no,11 loin du puits banal ou les commeres nanœuvraient la chaîne des seaux. La poulie cessa de grincer. Les enfants s`ébahirent à la vue du monstre docile, qu’entoura vite toute une population d’hommes en vestes bleues, de filles en