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Q78 rr: sam-Enr Nom ·que la volonté de la Providence brise les plus solides- orgueils, à son heure. Et puis nous allâmes dejeuner ai bord, pendant que le vapeur louvoyait entre les îles aux terrains jaunes et aux bois verts, entre les lourdes barques charriées parle vent sur les eaux épaisses qui reflétaient l’enflure des voiles rousses et la sil- houette trapue du pilote. ' Pendant le morne repas, nous nous en tinmes, con- sentement tacite, à ne parler que de l’excursion et des paysages qui défilèrent, embrumés souvent par le nuage noir de notre chaufferie. Nous applaudîmes aux sottises que débita Gilberte avec une incons- cience d’enfant gâtée. Ma gourmandise excita Mm La Jtevelliere aux quolibets, et le docteur aux remon- ftrances hygiéniques. Je sentis combien il eût été vain ·de travailler son âme ce jour—là. Mon assaut de Carnac l’avait rendu parfaitement hostile. Il ne me pardon- nait pas d`avoir deviné le mystère de ses espoirs, ni ·de l’av0ir cru prêt ai les Servir, en dépit de sa vertu. Je concentrai mes efforts pour convaincre défini- _ tivement madame Hélène selon mes théories et mes intérêts. Par chance, le ciel terne et la brise trop fraîche diminuaient l’importance esthétique du pay- sage. Nul jeu'de lumière ne prêtait à la région des aspects somptueux, gais, ni romantiques. Cette large flaque du Morbihan nous parut monotone avec ses iles aplaties, curieuses uniquement par les costumes des Bretons perchés sur les estacades, dans !`attente des bateaux. Chacun de nous s’adossa·contre le panneau de tôle enfermant la cheminée, pour obtenir de la tiédeur. Goulven et sa femme regardaient devant, avec Gil- berte. 1\I¤*° La Revellière déchiffrait les phrases du