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ne gagnerait rien à devenir votre amoureux,parce que vous prétendiez vivre dans le cristal de—la sincérité absolue, parce que vous prodiguiez à vos amis toute votre ame sans qu’il restàt rien pour un amant. Ce "cristal me semble assez peu limpide, a cette heure... ll est vrai que je n’ose me dire de vos amis... Mais je pense qu’en ce moment, personne ne serait votre ami. Vous avez soufflé, sur le cristal ou sfenferme votre existence, une buée...

— 0h! ne plaisantez pas, je vous en prie,... je vous en supplie... Je vous jure qu’aujourd’hui seulement, j’ai vu clair. J’ai vu clair moi—même dans mon cristal intérieur, mon pauvre cristal... C’est effrayant! Je suis-, en effet, comme vous dites... Je ne m’appartiens plus... Quelque chose m’a domptée et règne en moi, depuis cet après·n1idi, depuis que m’a cousine m’a conseillé ce départ.,. Mais comment cela m’est-îl venu dans le cœur ‘?... Pourquoi ?... Mais pourquoi ?

Elle m’interrogeait véritablement, penchée vers mon visage. C’eût été téméraire que de lui répondre. Je souris comme on sourit à une petite fille innocente.

— Avant, j’étais heureuse... J’étais heureuse... Je le sais seulement, ce soir, que jïétais heureuse...Vous comprenez ‘? Je souffre maintenant", Vous comprenez?... Je ne savais rien de m0i<même..., de cela... Je ne prévoyais pas... J’éproùvais tout simplement une espèce d’enth0usiasme à causer... des choses, des gens, de Gilberte..., à causer! Tout simplement. Il instruisait ma fille. J’écoutais. Il nous en apprenait tant sur l`univers, pendant nos promenades!... Il m’éblouissait l’esprît... Et_ puis, c’était Gilberte, en