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240 LE saumur noni t · « Éleve-t-on ici un idéal ou en renverse-t-on un?... L’homme a trop longtemps considéré d’un mauvais œil ses penchants naturels, de telle sorte que ses penchants ont hui par être de même espèce que la mauvaise conscience..._ Il s’agirait dé confondre avec la mauvaise conscience tous les penchants antinaturels, toutes les aspirations vers l’au—dela, contraires auœ sens, aux instincts, a la nature, a l’animal, en un mot tout ce qui jusqu’a présent a ete considéré comme idéal... » M’inspirant de ces phrases, j’ai voulu redresser quelques types d’une race trop résignée a la peur des Forces, trop réfugiée dans les vieux rêves humains; j`ai voulu lui rendre le goût de la santé mentale; j`ai voulu lui communiquer l’ivresse audacieuse du savoir, « cette malice suprême et- consciente du savoir qui appartient a la pleine santé... cette malice, un genre de sublime méchanceté ia, comme dit encore Nietzsche, le Méphistophélès du x1x° siècle, celui prévu par Gœthe, d’ailleurs, celui qui, déja, rôdait autour de Faust! De telles conceptions m’accaparaient tandis qu‘Anne-Marie me baisait les mains indifférentes. Que signifient les puérilités de l’amour, si notre intelligence s’engage dans les inductions fécondes en desseins actifs et en raisonnementsingénieux? Depuis la première jeunesse, il ne m’est plus possible de _ prêter attention aux embrassements d'une maîtresse, lorsque, parmi nos tendres délices, l’espoir me vient d’une affaire. Quels que soient l’entrain et la sincérité de ma compagne, quel que soit même mon désir véritable de volupté,` je ne sais pas dérober mon esprit aux tentations du calcul ou de la dialectique. ll s’absente de ma chair, que caressent des doigts