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que lui faisait le labeur onéreux de son mari. Curieuse des traditions, elle recherchait, pour y tapir son _ esprit, la vieille Bretagne des menhirs, des dolmens, des cimetières et de leurs églises basses aux pierres ouvragées, fouillées, timbrées d’armoiries, crevassées, moussues, la Bretagne des costumes, des processions _indéfinies, des legendes funéraires, la Bretagne aux traits d’aïeule, mère plus simple et plus sincère en ses pensers de jadis, mère véritable des cœurs armo- · ricains, mère blottie dans le giron des siècles aussi vieux que le granit des falaises. . Notant ces influences géographiques et climaté- riques sur le caractère de mes deux Bretonnes, je r · méditai la composition d’un élixir capable de les soustraire a cette dépression morale, a cette résigna- tion passive d’une race trop sûre de sa chetiveté. On compte dans la province trois millions d’habitants à, peu près, desquels trois cent mille sont assez intelli- gents pour désirer le remède de leur malaise, et cin- quante mille en étatude le payer. Je pus conclure que vingt mille personnes environ- achèteraient, par an, un flacon d’élixir. Après une campagne contre l’ané- mie et le lymphatisme, rondement menée dans les revues médicales, apres une bonne publicité, tant à, la troisième page des gazettes régionales, qu’à la quatrième des journaux conservateurs, lus dans . les châteaux et les maisons urbaines des rentiers, les acheteurs se décideraient. A vendre- le flacon trois _ francs, notre bénéûce eût encore été de cinq mille francs, si je supposais que dix mille personnes seule- ment le demanderaient d’abord au pharmacien. En effet, le verre de la fiole nous coûte sept a huit sous, les étiquettes, notices et enveloppes quatre à cinq