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nise? Je me plaisais à me souvenir des études faites ·sur les panacées des sorcières, à rétablir les raison- nements qui avaient guidé ces antiques pharma- ·ciennes cherchant, parla lande et les prairies, la _jus- quiame, Pellébore, la belladone, aûn de calmer les _ lievres des colosses aux blessures béantes. Quand revenait Anne-Marie, j`étais toujours en proie à quelque calcul urgent, à quelque méditation ·d’all"aires. Mes rêves de-réussite me captivaient mieux que ses caresses hardies. Pour agréables que fussent , -ses formes et son ardeur, le poids de son corps m’écrasait un peu, si elle s’asseyait sur mes_ ge- noux. Je regrettais la lecture interrompue par ses baisers, quoiqu’ils fussent savoureux. L`esp0ir de —combiner un bénéfice me possédait trop pour que je pusse m’y soustraire, et répondre chaleureusement. · aux ferveurs d'une lille jeune, curieuse de voluptés. Elle ne comprenait guère pourquoi la solitude du lieu etl’abri discret des murs en ruinen’étaient pas mis .a profit par ma luxure. Anne-Marie nem’était vraiment précieuse qu’à regarder dans son costume étrange. ·Je l’aimais droite en sa robe noire, à manches courtes et amples. Je l’aimais svelte, ronde, dans son corsage ·à courbes de velours. Je l`aimais marchant d’une vive allure, sous le tablier de lampas amarante. Je l`aimais riant, secouant la tête par-dessus la large et raide —collerette qui couvrait à demi le dos, dégageait la nuque, s’étalait sur les épaules et s’échancrait, pa- reille à un col de marin, contre la broderie de la guimpe. Je l’aimaîs comme un personnage d’es- tampe, et qui eût parfaitement illustré une afllche de l’Iode Guichardot. Elle était trop innocente pour me valoir de grandes satisfactions sensuelles. Il n1’avait