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232 1.1; snnrnnr Nom saute le ruisseau dissimulé sous le cresson et les parasites. Alors nous goûtions la parfaite solitude d’une longue vallée, pleine de fraîcheur bien que dé- pourvue d’arbres. Les vaches lentement y mouvaient leurs corps tachetes pour exercer leur langue su1· des - touffes. . Anne-Marie s’alanguissait contre moi, Gère de m’entendre lui réclamer une autre histoire sur l’An— kou_, qui est la Mort, sur le roi Gralon et sa fille l)ahut,_sur les poissons a têtes de femmes qui vien- nent du large avec la tourmente pour chanter dans l’enfer de Plogoff, à la Pointe du Raz, le requiem des naufragés. Elle me sut gré de mes questions. M’inté- resser lui parut glorieux. Certainement elle ne se dou- tait pas que, pendant ses interminables discours, je préparais ma correspondance du lendemain, mes lettres aux pharmaciens et docteurs de la région, celles â ladministrateur délégué de la Compagnie, et aux gérants des fabriques d’iode. Elle ne s’en doutait pas lorsqu’elle me racontait, de nouveau, comment son père et sa·mere avaient quitté Pont—Aven pour recueillir ici l‘héritage d`uue grand`tante qui jadis avait épousé, folle d’amour, un marin de Belle—Ile, devenu cultivateur après la mort de ses aïeux. Anne- Marie regrettait les arbres de Pont-Aven et le gras cieux pays que domine l’église de Riec. Moi, je ne lui parlais guère, puisque je méditais sur le taux des courtages. Mais il nfagréait de tiédir mes levres contre la nuque fauve que découvrait la ` collerette a mille petits plis, et contre les salières de la gorge juvénile. La petite me croyait ému. Ainsi que les chattes langoureuses, elle me frôlait. Nous parvenions à. une éminence que surmonte la