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à LE sEm·EN'r Nom 203 quand je m’éloigne de leurs chambres à présent vides. A leurs maris de les espionner, de les morigéner, de _ payer les modistes, les couturières et les femmes de chambre, d’évincer les galants, de faire des semonces et de recevoir les ripostes injurieuses. Mm Pilate se lave les mains 1 Ouf l... Quelle bonne lessive ! Je vous assure que je fus quelque temps avant de ·cr0ire à ma félicité nouvelle. C’était donc vrai : Ger- maine ne me crierait plus : « Mais, maman, ne dites ` pas de bêtises! » avec une voix furieuse, chaque fois que j’ouvrirais la bouche pour inviter à la sagesse et ala décence! C’était donc vrai : je pouvais déjeuner lentement, tranquillement, mon journal sous les yeux, sans que l’aînée me jetàt dans mon assiette des échan- tillons de doublure à choisir, parce que l’homme du Louvre attendait, sans que la cadette ne se précipitat dix fois au téléphone pour répondre a ses amies, per- sonnes tellement supérieures que je n’avais le droit de savoir rien d’elles, moi, inapte a comprendre ~leurs goûts admirables et leurs convoitises délicates. Marguerite n’entonnerait plus iuiair de Massenet à tue- tête` aûn de couvrir ma voix de pauvre maman qui la supplierait de ·paraitre à table, du moins avant le dessert. Mais, mon cher monsieur, ce fut, apres dix ans, la première année ou je pus savourer, sans r avoir une colère a contenir, les quenelles de ma tourte et les ailes de mon poulet. J’étais enün maitresse chez moi. Les bonnes ne me répondaient plus, dès _ que je donnais un ordre : « Je ne peux pas. Mademoi- selle m’attend pour la_coifi`er... Mademoiselle m’attend pour lacer son corset... Mademoiselle m’attend pour boutonner ses bottines... Mademoiselle m’attend pour recoudre son volant qui s'est déplissé! » Maintenant,