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202 ma sisziaimivr Nom I Revtelliere les savoura, s’enivra presque si l’on peut dire, tantcette friandise lui plut. Je la confessai. Prolixe, elle mc conta sa vie tourmentée par ses filles, dont personne ne parlait, sinon pour de breves politesses. L’une était mariée à un fonctionnaire en résidence a Hanoî, l’autre à un capitaine d’état—maj or en garnison a Per- pignan. Il advint que madame Hélène et le docteur rentrèrent, avec Gilberte, tres gais, très animes, un peu trop confidents. Quand ils furent dans leurs chambres, je saisis l’occasion pour supposer que si la jeune veuve sfunissait en secondes noces, comme il était présumable, Mm La Hevelliere se trouverait bien A seule, à son age, 11’ayant même plus une de ses filles pres d’elle. Cette insinuation l’agaça beaucoup. l)’un trait, et plus virulente que de raison, elle me confia toute la vérité de son être : `J —— Mais pas du tout!... Pas du tout! Jamais je ne me suis estimée aussi contente. La vieillesse, pour une femme, c’est_enfin la liberté. J'aime beaucoup mes 'ülles, et je ne veux pas en dire le moindre mal. Pourtant, je vous avoue, Monsieur, qu’clles me _ manquent à peine. Les voila casées, l’une et l’autre. Et d'abord, c’est un gros souci de moins. Je n’ai plus îi surveiller leurs relations, ài les conduire au cours, à lutter contre le sommeil, au bal, tandis qu’elles tour- nent avec des godelureaux. Je n’ai plus à redouter les conséquences de leurs flirts, à les gronder pour des robes trop décolletées, des figures trop fardées, des propos trop risqués, des manières trop délurèes. Je n’ai plus a supporter ces répliques insolentes et , haineuses légitimement dues a qui empêche les petits _ jeux innocents et les dépenses excessives. Je ne m’entends plus dire: « ·Est—elle avare, la vieille bête! »