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v ` LE SERPENT Nou; 16`î Elle montra le cap et ses ajoncs verts, et ses bruyères .violettes. Pour ses regards ,de personne étendue sur un rockiug chair, les lis roses des belladones conte- ' naient, entre leurs tiges, toute la mer, la côte blonde ' lointaine, la ville aux murailles éclatantes, quelques pays de nuages- pourpres, en marche vers nous... Je souris dédaigneusement de cette phraséologie intem- pestive. Madame Helene s’en aperçut et me dit, les yeux dans les yeux : —— Je ne m’explique pas qu’on fasse la cour aux femmes... Quepeut espérer, à· ce jeu, un homme intelligent ?... Connaitre mieux notre être, partager ses intimes sensations? Moi, je dis tout à quiconque ‘ m’approche. Je ne cache rien de mes pensées. Le docteur, vous, Yvonne Goulven ne m’ignorez pas plus que ne m’ignorent ma lille et ma belle-mere. Celui qui deviendrait l’amant d’une femme de ma sorte n’y gagnerait rien, sauf ce que peut lui procurer, pour quelque argent, n’importe quelle tlllede luxe. Encore cette marchande déploierait-elle, apparem- ment, toute une virtuosité dont je n’ai pas su m’en- quérir... Je ne possede pas de secrets. .l’agis dans le cristal. Suis-je la seule ainsi? Je ne le crois guère. A notre époque, la plupart des femmes ont abandonné les façons mystérieuses parce qu’on nous contraint beaucoup moins. Notre orgueil s’est amé- lioré. Nous voulons que nos mérites Pemportentdans _ la lutte, au milieu de tous les mérites concurrents ' Nous les affichons aussitôt sans y joindre l’attrait fac- tice du clandestin. Je vous assure qu’auprès de ces femmes-là, don Juan ne recevrait pas le salaire de sa peine. La victoire ne lui donnerait rien qu’il n’eût, au ` préalable, possédé... _Que `font les amants, dans les