Page:Adam - Le Serpent noir (1905).djvu/154

Cette page n’a pas encore été corrigée

'· `LE SERPENT Nom 149 »' ministre. On attend les discours de messieurs négli- gés, et l’exécution de la Marseillaise par les musiques ` militaires... Tandis que l’aube,·ah!... C’est.toujours . la naissance de Vénus au centre des mondes recueil- . lis, et en adoration` devant ses appar’ences... ` Inclinant son profil rectiligne, elle épia l’approba- tion sur ma physionomi_e. Dans la réponse de mon sourire, je ne pus dissimuler une ironie indulgente. L’hiver précédent, aux salons parisiens, des phrases 'pareilles étaient sorties, en trop grande abondance, des lèvres féminines. Au contraire, Jean Goulven • manifestait une admiration sincère. Ce qu’il y a dc factice et d’apprêté dans ces sortes de déclarations esthétiques, mon provincial ne le discernait pas. J’en conclus alors qu’il était l’amoureux aveugle. Moi, je trouvais madame Hélène charmante à cause de ce défaut, de quelques autres qui dénoncent une âme cabotine et divertissante. Lui,` prenait ces faiblesses pour des mérites. Je me suis renduscompte plus tard de cette divergence entre nos logiques. · _ Le docteur courut dans son laboratoire retrouver ses cobayes inoculés, ses cobayes témoins, ses bouil- lons de culture. J ’attendais que ma voisine quittât le balcon. Son'galant une fois- parti, elle n`avait qu’y faire. « Si elle ne se retire pas tout de suite, pensai- , _ je, c’est qu’en prolongeant la conversation, elle vou- dra me persuader que le docteur et moi l’intéressons de mème, qu’il ne lui est de rien. Machiavélisme d’ailleurs ingénu! J’en garderai la certitude qu’elle s’occupe de flirter avec lui... Mais qu’après trois bana- " lités polies, à mon adresse, elle aille_ se recoucher, · etjel’accuse àcoupsùr : car elle aura fallacieusement joué le rôle de celle qui ne songe même pas que je