Page:Adam - Le Serpent noir (1905).djvu/122

Cette page n’a pas encore été corrigée

_ LE snnriam Nom UT satisfaction a l’aspect d’une jolie personne près de m’être affectueuse : , — Mademoiselle !... présentez—m0i la -pièce avant , de couper, je vous prie... Voilà qui est bien :`vous faites les choses avec une gràce!... Hein! a—t-ilbgnne mine, ce Yankee ! Ah ! les produits américains ! . `Voyez—moi le rose ferme de cette chair a tissu serré, la blancheur du lard qui l'entoure! Qu’en dites—v0us, Mesdames? A Je ne me rappelle guère avoir éprouvé un appétit plus sain qu’à cette heure-là. Mordre dans la masse succulente, la posséder avec mes dents féroces, ma langue caressante et les muqueuses habiles de mon palais, ce dèsir me valut des impatiences délicieuses · ·et passionnées. Le grand air m’avait mis en veine de gourmandise. La petite Anne-Marie, qu’amadouaient de plus en plus mes paroles élégantes, était presque aussi fraiche que -le cœur du jambon., Le cou jeune s’inclinait joliment dans l`échancrure de la large col- lerette. Craintive et claire, accrue de cheveux bruns, sa frimousse devenait anxieuse sous le diadème rose, sous les brides empesées et recercelées de la coiffe saugrenue. Le tablier de lampas a bavette contournait et marquait des formes adolescentes, Toute cette gentillesse m’inspirait autant de convoitise que le ·mets soigneusementsoutenu par ses mains pieuses, avec le flacon de sauce anglaise. J `en oubliai Goulven et ses malheurs. Mon être eût voulu goûter ensemble ia chair du porc et les levres de la servante. Je m’éva-u dais ainsi des ombres auxquelles mon énergie évite' de s’attarder. Penser pitoyablement aux faibles, c’est risquer de s’affaiblir aussi. ‘ Par-dessus la tasse ou elle buvait, madame Hélène, 1.