tres des temples antiques, les astronomes prédisent les éclipses, les météorologistes annoncent la grêle et la pluie, les médecins proclament la venue de la peste, puis la chassent ; les physiciens manient la foudre docile et, tel Moïse, la contraignent d’éclairer la vie nocturne des peuples. L’artillerie remplace, aux mains de Josués nouveaux, les trompettes sonores destructrices de remparts. La mer est refoulée par la prompte nage des léviathans souffleurs de feu et qui doivent leur naissance aux lavis du génie maritime. Toute la faune mythologique ressuscite dans les ateliers des forges et des arsenaux.
Comment la foule ne serait-elle pas frappée de ces coïncidences ? Comment ne vibrerait-elle pas sous le coup des mêmes émotions qui prosternaient jadis les multitudes aux pieds des thaumaturges ? Quels prophètes accomplirent des choses plus extraordinaires que la propagation de la pensée par les ondes hertziennes, à travers l’espace, au-dessus des océans ?
Aussi le monde moderne se rue avec une âme de piété dans les édifices qui renferment les témoignages de ces prodiges récents. Elle se trouve là devant les manifestations des forces abstraites qui règnent sur la vie générale. Les Kabbalistes traduisaient le nom biblique Æloha-Ælohim par Lui-les-Forces. Depuis les exégètes vulgarisèrent cette définition : Dieu est l’ensemble des forces connues et inconnues. Or, en notre temps, ce que nous appelons la science exprime ce que nous percevons de ces forces. Voilà pourquoi un mysticisme nouveau s’élabore qui conquiert les esprits et les rend dévots pour les choses que le génie de l’homme arrache aux secrets des dieux. Autour de cette religion soudaine, un