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L’ESPACE VAINCU

AU CIRCUIT DE LA SARTHE

D’une colline dressée dans l’éblouissement du soleil, la route du Circuit dévale roidement vers le but et les tribunes. Entre ses plates-bandes de gazon, elle scintille de tous ses cailloux. Elle noircit en atteignant le bas du mont où le goudron coagule la poussière, afin de ne pas abîmer les mousselines et tulles qui flottent sur les visages des jeunes femmes attendant, nerveuses, au long des tribunes, la descente des champions vers les drapeaux. Et soudain c’est, parmi les lumières de la cime, une petite ombre ronde qui surgit, s’incline, roule comme une bille par la pente. Bille qui grossit, s’élargit, semble un instant quelque souris affolée fuyant le feu du ciel pour devenir une chose prompte distincte de ses roues, lorsqu’elle atteint la plaine, et s’élance avec le visage fait d’un chiffre, d’une lettre, et saluée brusquement par d’innombrables acclamations. La métamorphose s’achève. C’est une armure couchée entre quatre bourrelets rebondissants. Elle encastre deux têtes humaines masquées, enveloppées de toile ou de cuir, et qui déjà réclament les pneumatiques de rechange, l’essence, l’huile et l’eau. Peu à peu la