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LE POÈTE ET LE MÉCANICIEN

Peu de modes, autant que celle de l’automobile, captivèrent notre élite. Il n’est pas de sacrifice qu’on ne fasse pour se procurer l’appareil et pour, comme en un char de féerie, traverser les espaces, fuir des brumes septentrionales aux jardins ensoleillés du Sud.

Souvent le véhicule à moteur coûte plus que le coupé, son cheval et le harnais. En outre, l’entretien du wattman et de la machine, la réparation et le remplacement des pièces sont autrement dispendieux que l’entretien du cocher, du cheval, que les frais de sellerie. Pourtant, depuis quelques années, nombre de personnes férues d’économie acquièrent les quatre-cylindres des meilleures marques. Beaucoup qui ne possédaient pas leur équipage se sont décidés à l’emplette. Point de pays perdu où l’on ne rencontre maintenant l’automobile du docteur, celle du hobereau, celle du receveur des finances, celle de l’ingénieur, celle du commandant, celle du jeune monsieur et celle des nouveaux mariés. Pour la première fois, la parcimonie bourgeoise abdique devant cette tentation. Elle consent à ouvrir son portefeuille et même à « prendre sur le capital » ! À Paris, le plaisir de cette vitesse nous oblige à débourser quelque douze à quinze mille