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LES ARTS ET LA FORCE

Jusqu’en 1890 nous considérions les Japonais comme un peuple essentiellement artiste. Ses essais d’industrie, ses tentatives de culture scientifique parurent fâcheuses. Pourquoi donc ne se contentait-il pas d’être le frère glorieux des Hokusaï et des Outamaro, de tous ceux qui, scrupuleusement, merveilleusement, avaient peint les estampes, martelé le bronze, ciselé l’argent, fouillé l’ivoire, cuit et incrusté les laques, brodé les paravents, afin de fixer les moments complexes et fugitifs de la nature la plus réelle ? Ce long passé d’esthétique et d’héroïsme légendaire nous semblait la preuve de l’inaptitude certaine à devenir une force positive, telle que les Occidentaux pussent la considérer comme une égale redoutable. Aujourd’hui le talent stratégique des états-majors qui opèrent en Mandchourie montre d’une façon manifeste que ce long culte des arts n’avait pas amoindri la vitalité guerrière du pays. Cette leçon devrait être, pour le monde, très précieuse. Ordinairement nos professeurs enseignent que les États où florissent les coutumes raffinées énervent dans la mollesse les principes de leur énergie, que la décadence les mine et qu’ils sont con-