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LE DUEL ET L′HONNEUR

Quelles que soient les plaisanteries d’usage sur les duels de politiciens et de journalistes, aucun ne se joue en sécurité. J’ai, comme témoin, assisté aux phases de sept ou huit rencontres. Un de mes clients, le romancier Robert Caze, l’auteur du Martyr d’Annil, fut tué. Les autres n′échappèrent que par chance au coup mortel qui faillit les atteindre. Tantôt l′épée traversa la chemise à deux lignes de la peau, tantôt l’épiderme seul fut enlevé sur le flanc, sur le ventre, tantôt le fer troua le muscle externe mais, a chacun de ces contacts entre la pointe et la chair, il manqua peu de chose pour que la blessure devînt fatale. Certainement, deux habitués de la planche connaissent assez leur art pour éviter, avec adresse, d′offrir à la menace du partenaire les faces du corps qui recouvrent les organes essentiels. L’un et l’autre savent convenablement s’effacer, tendre le bras qui allonge l’intervalle, rompre à point, présenter la coquille, ou, par une bonne mise en garde, intimider l’élan ennemi. D’autre part, l’attaquant se défie toujours d’une riposte vive, et cette méfiance nécessaire amoindrit la sûreté de sa manœuvre. On lance le coup, on ne le porte pas. En sorte que l′épée qui, dans l’assaut inoffensif, ployerait contre le