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se taire

ne brisons avec ces coutumes, à notre époque, mortelles.

Un américain de la classe moyenne, clerk, accomplit de quinze à vingt, ce que nous tentons de vingt à trente. Il a dix ans d’avance sur son collègue européen. Ni les collages, ni les rivalités inutiles ne l’ont détourné de son but. Solidaire, il a su, pendant l’adolescence, unir sa valeur aux valeurs de ses camarades. Ensemble, ils ont économisé les dollars pour acheter quelques actions industrielles capables de rendre beaucoup. Ils ont constitué un capital commun de spéculation. À trente ans, si leur effort n’a pas été particulièrement malheureux, ils commandent à leur avenir. Ici, la plupart attendent la quarantaine pour essayer leurs ambitions. Comment lutter avec ceux des races triomphantes, si notre jeunesse enlise ses vigueurs dans les misères des liaisons dramatiques, ou les met au service de querelles, de rivalités, d’intrigue vaines et viles ?

Il faut être des voluptueux, puisque le sang latin nous y oblige ; il faut être des voluptueux et des silencieux, non des amoureux, ni des beaux parleurs. Habituons-nous au mutisme. N’étourdissons pas notre pensée avec les mots sonores. Laissons-la méditer. Et conversons surtout avec les livres. Il n’est pas un mauvais roman qui ne l’emporte sur les devis les plus alertes. Le salut est dans la lecture. Du conte licencieux à l’étude psychologique, de l’étude psychologique au roman social, du roman social aux mémoires historiques, de ceux-ci à l’histoire même, et de l’histoire aux sciences, à la philosophie, toutes les suggestions s’enchaînent. De curiosité en curiosité, le lecteur atteint progressivement et vite au goût de la plus haute mentalité.