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LES MUSES ET LES SPORTS

Œuvre anonyme, probablement d’origine allemande ou bien helvétique, une estampe du seizième siècle représente, sortant des ondes, un Pégase étrange pourvu d’ailes comme il sied, mais, en outre, de nageoires et d’une queue de poisson. Sur son dos, Calliope, debout, brandit le glaive des épopées. Elle pourchasse tritons éperdus, mouettes, pingouins, renards et sangliers épars sur la grève. À ses côtés, farouche, glorieuse, émerge Clio munie d’un bouclier, d’une lance, et qui ressemble, sous cet appareil, aux conquérants fauteurs de l’Histoire. Les autres Muses se groupent derrière celles-ci, et, de même, se précipitent hors des flots vers la falaise qui se dresse au flanc d’un Parnasse fabuleux. Chacune porte un attribut différent de ceux qui leur sont ordinaires. D’un bras nu bossué par les biceps, une très rieuse Thalie soulève, en se jouant, le double poids comique d’un fol et de sa commère. Melpomène fronce les sourcils, crache une injure meurtrière, et, dans un geste tragique, perce de son estoc un triton barbu. Chantante, légère, naïve, les pieds ailés, une gracieuse Érato vole, ses yeux au ciel. Cependant, nue sur une grande roue de flammes échevelées, Polymnie entraîne, par l’éloquence de son geste et de