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s’y décide point. Or, à partir du jour où le projet fut décrit, la même somme a été dépensée, semestre par semestre, à subventionner les convois de caravanes. Nous avons dilapidé le total d’argent nécessaire à la construction de la voie, à l’acquisition du matériel, et nous ne possédons rien que le sable avec les pierres. De graves combats entre nos troupes et les Berabers ont suffisamment indiqué l’importance de la faute. Mais l’absurde économie française, la poltronnerie du capital s’étaient satisfaites. Chambres et banquiers se louaient de leur prévoyance grâce à laquelle, ayant versé l’or, ils n’avaient rien fondé.

Jules Ferry, qui connaissait son Parlement, n’osa jamais, avant la conquête de l’Indo-Chine, lui demander le chiffre d’hommes et de crédits indispensable pour terminer la chose en une fois. Il fallut recourir à la politique des « petits paquets ». Résultat : la défaite de Langson, et les pertes énormes de numéraire. Puis l’obligation s’imposa de verser tout de même la grosse de millions. Notre économie avait doublé la dépense.

La leçon reçue au Tonkin n’a guère modifié l’esprit de France. Nous agissons pareillement au Sud-Oranais et même, là-bas, pour le chemin de fer du Yunnan, qui enrichirait le Tonkin, pays de transit direct entre les opulentes provinces nord-occidentales de la Chine, et la mer, route de l’Europe acheteuse, vendeuse.

L’esprit de la volonté qui se décide, qui ose et qui risque, ne florit pas encore parmi nos élites. Nous craignons trop le ridicule consécutif à l’échec. Notre vanité