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une épingle échappée de sa robe. L’oncle marchait, insensible au mal qui d’habitude affligeait ses jambes. Il revint brusquement vers elle, et dit : ― que celui-ci recommence notre œuvre ! Je veux le rendre riche de gloire et d’immortalité, plutôt que de le faire riche d’argent… ― billevesées, monsieur ! L’empereur règne jusqu’à ce que M. De Lille rentre dans ses carrosses à Paris. Avant peu, la révolution ne sera plus qu’un souvenir ; oui, plus tôt qu’on ne pense… je relisais, hier soir, la lettre d’Augustin. L’état-major de Davout est aux cent coups. Une masse de moscovites qui revient de combattre le turc, marche du Danube au flanc de la grande armée !… gare là ! De tout l’empire il ne restera point ça… vous m’écoutez ? Pas ça !… et alors : " vive le roi ! " Praxi-Blassans me mande comment tout le faubourg saint-Germain est en effervescence. Les chouans s’organisent en Vendée, en Anjou… ils arrêtent en Normandie les convois qui transportent l’argent de l’impôt… et ce n’est pas d’aujourd’hui… ― ouais ! Ce n’est pas d’aujourd’hui non plus que mes philadelphes et nos jacobins travaillent les régiments de Paris… apparemment, je puis dire que je suis au courant de quelque chose, moi, hein ? Il y a trois ans, nous avons tenu les gardes nationales avec Bernadotte et Fouché. Notre belle amie Mme De Staël a pu croire que nous allions déplanter la branche d’acacia et réveiller le cadavre de la révolution. Aujourd’hui tout sert autant nos desseins… les philadelphes ont un chef… et le colonel Oudet un successeur digne de lui. Nos braves suivront leur Léonidas. ― Léonidas ! Peuh !… vous allez compromettre de braves gens, pour les bleuses-vues de vos adeptes… ― corbleu, je sais mon affaire ! ― Praxi-Blassans me l’a dit : le général Malet… ― Léonidas ! ― rectifia le bisaïeul.