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vastes glaces cintrées, aux lustres qui se miraient dans les lumières profondes du plancher en losanges. ― Denise ! Denise ? L’espérance du mort n’est donc plus sacrée pour toi ? ― ah ! Ah ! Mon frère… pardon !… pardon !… je ne peux pas !… je ne peux pas !… elle glissait de la chaise à terre. Le petit chien, ébaubi, se gratta l’oreille, puis se blottit près la jupe de la pleureuse, qui avait enfoui sa tête dans ses bras croisés sur le siège. ― Dieu ne peut me conseiller de vous unir ensemble, Augustin ! ― Virginie, je vous le jure, j’aime Denise. Elle a cette illusion que je possède les mérites de Bernard ; elle a cette illusion que j’ai participé à ses exploits, que j’ai son courage, que je continue sa gloire… c’est un peu de son père qu’elle aime en moi. ― oui ! Oui !… ― soupira Denise. ― alors, ne l’accusez pas d’anéantir les espérances de son père ; c’est pour vivre près de celui qu’elle imagine à la ressemblance de ce grand homme qu’elle m’a choisi plutôt qu’un freluquet… ne doutez pas de son respect filial. Ses sentiments à mon endroit témoignent de ce respect. ― qu’en savez-vous, mon oncle ? ― dit Omer. ― qu’en savez-vous ? ― cria la tante Aurélie. ― Denise est une enfant. Elle ignore tout… votre uniforme et vos aventures de guerre l’éblouissent… elle vous aime comme le personnage d’une gravure de roman… mais plus tard ? ― oui, plus tard ? Dit Virginie. ― cela ne regarde que moi seul, ― répliqua durement le général. ― les goûts de ma fiancée sont ceux de bien des françaises pour les compagnons de l’empereur… vous-mêmes, Omer, n’avez-vous pas une vive sympathie pour le capitaine Lyrisse parce qu’il raconte