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gouvernante anglaise de Mathilde de Chaumont en sait les poèmes par cœur. Elle nous traduit les plus beaux passages… ― lord Byron est un grand désolé ! ― jugea l’oncle Augustin. ― vous aussi : vous êtes sévère à la façon de Childe Harold pour ce que les hommes admirent et recherchent. Tout vous paraît mesquin, parce que vous possédez une âme trop haute. ― oh ! ― douta modestement le sourire satisfait du général. ― je le sais bien, moi ! ― conclut-elle, en promettant beaucoup par l’intonation passionnée de ce " moi ". ― vous vivez donc avec Gulnare et Conrad, Kaled et Lara, ma chère ? ― je les connais par les récits de la gouvernante… que cette Gulnare fut heureuse d’aimer le corsaire et d’en être aimée, d’être sauvée par lui, de le suivre, déguisée en page, au milieu des plus grands périls, de les braver auprès de lui !… voilà la vie que je désire. ― tout cela est fort contraire à la décence que doit observer une jeune personne de la société ! ― fit observer doucement la tante Aurélie. ― mais pourquoi laisses-tu ma fille fréquenter cette Mathilde De Chaumont, et cette gouvernante immorale ? ― mon dieu, Virginie, il sied que les jeunes personnes aient des notions sur la littérature anglaise… et je ne m’imagine pas que Denise puisse prendre à la lettre les belles folies du lord… ― de pareilles abominations ne peuvent pas éduquer le goût naturel, mais le gâter ! ― ne sais-tu pas que le génie de lord Byron a chanté la plus magnifique tristesse qui soit au cœur humain ? ― n’importe ; il ne me plaît guère que Denise… et tu vois, tu vois la conséquence !… Mme