Page:Adam - L’Enfant d’Austerlitz (1901).djvu/513

Cette page n’a pas encore été corrigée

l’angoisse, il confessa tout entre les mains pacifiques de la sainte. Ensuite il confia ses doutes sur l’innocence de Denise, sur l’affection de l’oncle Augustin, sur la probe intelligence du général Pithouët, comme il avait dit son horreur de prévoir une espionne dans la belle et sensible amie des conspirateurs. Les apparences heureuses s’évanouissaient. Il déclama son désespoir. ― ne blasphème pas ! évite le jugement téméraire… garde-toi de juger faussement tes frères… c’est une preuve d’orgueil, mon pauvre enfant… mon pauvre enfant… ne crains-tu pas de reprocher à autrui les fautes mêmes dont tu te sens capable ? C’est à Dieu de juger les criminels, et non pas aux hommes. ― il n’y a pas de sincérité humaine, je t’assure, ma mère, rien n’est vrai ! ― rien autre que Dieu. ― Dieu ?… le fils et la mère se regardaient. L’amertume et la compassion se contemplèrent. ― Dieu !.. " ce que nous souhaitons de grand, de noble et de juste… notre rêve de bonté ; ce que nous admirons : le sacrifice de Jésus en croix… la douleur de Marie… le triomphe des anges beaux comme nos idées de vertu… ", m’a dit un jour le prêtre qui consolait mes douleurs de veuve au confessionnal. ― à ce compte, Dieu serait nous-mêmes qui souhaitons, qui rêvons, qui admirons ? ― oui, quand la grâce te touche. Non, quand elle s’éloigne de toi… il ne faut qu’obtenir la grâce ! ― tu connais la grâce, toi ? ― comment vivrais-je sans elle, dans ce désert de larmes ! Tout se flétrit. Les souvenirs, même les plus chers et les plus doux, s’effacent ! C’est à peine aujourd’hui si la figure de ton père ressuscite quelquefois, avec ses sourires d’affection, ou ses rires de