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tout intérieure : il ne sut que dire, étonné de ne point voir sa mère dans une auréole, et les mains jointes. C’était la sainte du miracle pourtant, cette dame épaisse qui, sous une mante légère, cachait sa taille difforme. Le général gardait à la main son chapeau, sans vouloir se couvrir. Arrondissant un bras, il l’offrit pour gagner la calèche. Virginie donna des nouvelles du bisaïeul immuable. Très gaillard, il voulait entreprendre le voyage de Paris, pour des intérêts sataniques, hélas ! Il l’eut accompagnée si elle avait consenti à laisser le château sans maître… ensuite elle se plaignit de douleurs au foie. Durant le trajet, ce fut la matière de l’entretien. Le général y déploya une élégante et joyeuse bonhomie qui réduisait à rien les appréhensions. Il expliqua les doctrines rassurantes de Broussais. Le fils tenait dans ses mains les doigts paisibles, en mitaines, de maman Virginie. Il la regardait avidement, sans chasser l’absurde espérance d’apercevoir le sacré-cœur dans ces yeux à la fois heureux et inquiets, affables et douloureux, bons et défensifs. Quand elle le reçut, seul, dans le boudoir chinois de Malvina, tout réinstallé pour la voyageuse, il lui baisa la main, qu’elle avait fraîche et insensible. Assis à ses pieds sur un coussin de damas jaune, il lui demanda quand elle avait prié pour lui. Toute l’âme du jeune homme tremblait en écoutant la réponse ; il forma le vœu de s’offrir à Dieu, si maman Virginie affirmait ce qu’il avait pressenti. Elle l’affirma le plus simplement du monde. Alors la crise qui le torturait depuis quatre jours acheva de le vaincre… la fièvre de ses désirs réprimée l’étourdit. Il cacha sa face dans les jupes de sa mère, et ravala des sanglots. Le suprême espoir d’aimer Aquilina venait d’être anéanti : si sa mère n’avait point prié à l’heure précise de la séparation dans le palais-royal, il eût essayé de revoir la passante. Rien n’était plus… ivre de douleur, étranglé par