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de ma sainte mère, à deux reprises, par un miracle, m’a sauvé. Et je doute encore !… toi aussi, Jésus, tu promets tout à qui t’honore !… tu promets la victoire d’Hildebrand, la gloire de Léon X, l’extase heureuse et perpétuelle de saint François, la fougueuse passion solitaire de sainte Thérèse. Que n’as-tu pas donné à tes serviteurs déjà ?… et je doute ici, dans ma mélancolie misérable… ô mère, viens !… accours ! Je veux pleurer sur ton cœur plein de foi ! " deux jours après, maman Virginie apparut à la portière du coupé, quand la diligence entra dans la cour de Laffite et Caillard, au trot des cinq chevaux pommelés, le fouet claquant à la main du postillon, les chiens aboyant, le cor sonnant sa fanfare du haut de l’impériale pleine de jeunes gens chevelus et de militaires en bonnet de police. La grosse voiture jaune tourna, s’arrêta, les compartiments de velours rouge s’ouvrirent. Les commissionnaires agitaient leurs casquettes retombantes, et criaient les adresses des hôtels. De l’intérieur, quelques bourgeois sautèrent avec des portemanteaux. De la rotonde dégringolèrent plusieurs paysans coiffés de bonnets de coton et chargés de corbeilles. Les embrassades s’accomplirent. Les malles glissèrent le long de l’échelle vers les bras tendus d’hommes en vestes qui les assurèrent sur leurs épaules et leurs nuques, sur leurs larges chapeaux de cuir. Maman Virginie eut de la peine à descendre malgré l’aide de son fils et d’Augustin. Elle ne voulut pas quitter un sac de nuit en tapisserie à rosaces, ni son cabas bourré de formulaires liturgiques, ni une fiole de baume ; cependant elle oublia dans la voiture son écharpe, et le flacon de sels. Sous le turban de crêpe noir elle n’avait point la mine maladive, mais sèche et bistrée, animée par ses yeux clairs entre les cils sombres. Elle marchait avec une canne. Omer faillit pleurer ; mais la vérité de son dévouement filial demeurait