Page:Adam - L’Enfant d’Austerlitz (1901).djvu/51

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

de Rébecca, les chameaux d’Éliézer. Sa robe blanche et sa barbe blanche flottent entre les plis de la chasuble étoilée d’or, celle du curé. Le fils de David allonge les bénédictions de ses mains, à droite et à gauche, vers les femmes étriquées dans leurs fichus à ramages et leurs cornettes de soie noire. Les maîtres, les compagnons, les apprentis quêtent avec ardeur. Et celui qui, sur l’échelle du château, gardait une longue pipe à la bouche, celui-là trouve la branche d’acacia, les pierres, le doigt qui se détache d’une main quand il le tire à lui, puis la main, le poignet, le bras. Ôtant sa pipe des lèvres, il avertit :

― Mac-Benac ! La chair quitte les os !

Chose horrible. Omer se plaît à des frissons, cependant que le bisaïeul le saisit aux épaules, pour dire :

― Et le petit garçon, mon père, ajoutait : « Voilà comment, par avarice, les mauvaises gens, les barbares, les vainqueurs, les monarques tuèrent Hiram pour empêcher l’achèvement du temple de l’Égalité et de la Fraternité humaines… mais ne voulez-vous pas, messeigneurs, et messieurs, reprendre la tâche de notre maître Hiram et la mener à sa fin ? Ne consentirez-vous pas à construire ici même un temple à l’image de celui conçu par Hiram, pour y cultiver sa mémoire et vous y assembler dans l’intention de rétablir l’égalité, la fraternité et la liberté originelles entre les hommes ? » À ces mots, le père du petit garçon étalait devant les amateurs de musique le plan du temple, et il leur apprenait aussitôt des vérités si merveilleuses que beaucoup s’engageaient parmi les maçons du nouvel œuvre comme apprentis, compagnons ou maîtres, selon la mesure de leur savoir… Ainsi le petit garçon voyagea dans les villes, fondant partout, en Italie, en Allemagne, des temples à la gloire du grand architecte de l’Univers, qui est aussi nommé le bon Dieu… as-tu compris…, apprenti ?

Omer riait de l’assonance et de la grimace malicieuse