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agissait. L’ange gardien tendait son aile entre l’enfer et l’adolescent, entre la mort et la jeunesse. Omer fut entièrement convaincu par ce hasard. La crainte de l’espionne cessa d’être contredite par ses raisonnements. Il s’occupa de haïr celle qui le dominait de sa présence immatérielle ; cela le révoltait d’être vaincu par l’amour aussi. Suffisait-il qu’une passante l’eût écouté pour que son âme faible ne s’appartînt plus ? L’influence de cette promeneuse, en robe de percale et en chapeau de gaze, le dominerait-elle ? Il regimba, contractant ses mâchoires, s’obstinant à comprendre le texte dicté par la voix molle et dédaigneuse de l’ecclésiastique. En vain ! L’aimée s’imposa mieux. Omer voulut courir au palais de justice. Il frémit de rage amoureuse. Il composa vingt romans qui se terminaient par la gloire de leurs chairs en extase, de leurs tendresses réunies. " être deux roseaux pensants sur la rive du lac où se reflètent les saisons de la vie, ses soleils et ses orages ; plier et ne point rompre, attendre la caresse du vent amoureux qui redresse… et puis s’étioler doucement avec l’automne ! " pour s’arracher à l’obsession, il s’obligea de méditer sur le miracle qui l’avait averti de fuir l’espionne, à l’heure même où Mme Héricourt implorait la vierge pour son fils. L’esprit de l’étudiant n’accordait pas toute certitude aux principes de l’église. La parole du père Anselme n’avait convaincu le disciple qu’à demi. Cependant les vues de Dieu sont manifestes… d’autre part, la haine priante de Jacques Molay, conduit au supplice du feu, avait suffi pour faire tomber, quatre siècles plus tard, la tête du capétien sur l’échafaud révolutionnaire. Que ne pouvait donc pas obtenir la dévotion d’une mère qui, dans la consécration de son fils à Dieu, voyait le seul moyen d’éviter les supplices éternels ! Omer