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XVII

Le Père Ronsin se laissa difficilement aborder par Omer, aux Missions de la rue du Bac, pour l’entendre dire que M. De Montmorency avait, en route, reçu les courriers du tsar, ce qui présageait une politique russe de la diplomatie française à Vérone. Avec une politesse sévère, le prêtre prépara le geste impatient qui bientôt congédierait. Penché de son fauteuil vers des écrits, il en détournait à peine un œil pour inspecter le visiteur. Vêtu d’une douillette brune, la calotte au front, les jambes ramenées sous le siège, il demeurait accroupi dans la posture d’un furieux chat gris. Sa paupière resta clignée par affectation de fatigue ou de migraine. Il examina vaguement les pièces dont la présentation formait le prétexte de l’entrevue ; enfin il se remit au travail avec un « Excusez-moi, monsieur » bien sec. La plume d’oie tout ébouriffée grinça de nouveau. À ce bruit discret, un sacristain, qui guettait derrière la tenture, la souleva, fit la révérence devant Omer, le reconduisit.

« Quelle insolence ! quelle hauteur ! ― pensait le jeune homme pendant le retour en cabriolet. ― Comme je suis peu devant cet ecclésiastique !… Baste ! Je rirai le dernier, si mon oncle Praxi-Blassans a vu clair en voyage. Pensons à ma belle espionne. Certes, je n’irai pas demain là-bas. Elle me ferait tout trahir, moi-même et les miens, pour un baiser, pour une faveur… Et que