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ses intérêts, mais la pire pour la dignité humaine !… oh ! Le général Héricourt !… le protégé de Soult et de Marmont… ah ! Ah ! Vraiment… il se mêle d’éduquer la jeunesse ? Il lui manquait cela, morbleu ! Il lui manquait cela !… Augustin Héricourt éduquant la jeunesse sous le portique et dans les jardins d’Académus ! Que M. Baour-Lormian composerait là-dessus un beau poème !… ah ! Vous écoutez les leçons du général Héricourt, mon petit ami ?… oh ! Oh ! Vous irez loin… jusqu’aux marches du trône… à moins que ce ne soit jusqu’au fond du bagne… le député marchait, ricanait, sautait, se frottait les mains, se croisait et se décroisait les bras, levait les paumes au ciel, comme énée dans les phases critiques de l’épopée latine. Il était chauve et osseux, avec un grand nez en l’air, des mains loyales qui se posaient alternativement sur le cœur de son habit tête-de-nègre, ou s’enfouissaient dans les fentes de son pantalon américain. La pédagogie de l’oncle Augustin intéressait énormément l’acerbe et bruyante ironie du général. ― Augustin Héricourt… il rendrait des points à M. Fouché, duc d’Otrante, pour les délicatesses de la fourberie ! ― je crois cependant qu’il a toujours agi en brave officier. ― oh ! Brave ! Je ne le conteste pas. Nous fûmes sacrebleu ! Quelques millions de braves comme ça. Mais à la bravoure votre oncle ajoute d’autres qualités… moins communes. Il est doué pour l’administration, s’il vous plaît… c’est un remarquable administrateur… à la Bérésina, tous les fourgons pleins qu’il avait acquis de ses malheureux frères d’armes étaient passés avant ceux mêmes de Napoléon ; et ses commis achetaient pour un morceau de pain les chariots des morts et leur contenu. Il n’a pas laissé beaucoup à faire aux juifs de Wilna, monsieur votre oncle !… on