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mencer le conte où ce héros substitue les couronnes des filles de l’Ogre aux bonnets de ses sœurs endormies, les sauve ainsi du monstre. C’était une joie sans limites et toujours nouvelle d’apprendre qu’il dérobait les bottes de sept lieues au sommeil du géant, et s’en servait ensuite pour le bafouer.

N’étant guère plus petit, Omer pourrait de même bafouer les cruels, les méchants, les forts. Capable de semer son chemin de cailloux pour le retrouver, il l’était aussi ; mais jouer convenablement du clavecin dépassait encore ses prétentions.

― Il était plus grand que moi, dis ?

― Oui… il avait dix ans.

― Moi, quand j’aurai dix ans, je jouerai du clavecin, pas ?

― Sans doute !…

― Continue l’histoire…

― Voilà donc mon petit garçon qui gagne tous les cœurs dans les villes et dans les châteaux par sa gentillesse et son savoir-faire. Mais quand il avait fini sa musique, il étonnait en outre l’assistance en rapportant très bien l’histoire d’Hiram, l’architecte… tu sais ?…

― Dis tout de même comment parlait le petit garçon.

Et le parrain développait encore le récit merveilleux : Hiram, l’architecte du roi Salomon, bâtissait le temple de Jérusalem pour abriter les tables de la Loi selon laquelle tous les hommes devaient vivre frères, ni plus ni moins qu’en paradis.

Or, pendant que discourait le vieillard, voici comment les choses apparaissaient à l’imagination d’Omer Héricourt.

D’abord, le temple de bois posé à terre, tel qu’il venait d’être construit, grandissait peu à peu dans le rêve où se formait un pays de vitrail, aux arbres cernés de plomb ; il y avait en un coin, le puits de Rébecca,