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fréquenteraient. Il fit goûter un excellent madère, des biscuits, une poire fondante, parla de chevaux et de chasse, de femmes aussi, compara les qualités voluptueuses des Polonaises et des Hongroises, en camarade jovial ; puis s’esquiva soudain, laissant Omer aux mains du Père Desromes.

La journée se passa comme les précédentes. Le jésuite ajouta des hachures aux piliers de Canossa, pendant les heures d’étude silencieuse. Cette invitation de l’oncle à Mme  Héricourt tourmenta le jeune homme. Était-ce bienveillance fortuite, ou quelque chapitre ajouté à un plan complet de séduction tramé contre la fille et contre la mère ? Il repoussa toute certitude, et s’en fut, un peu hagard, vers cinq heures, chez le général Pithouët.

Rue de Bourgogne, dans un sombre entresol, le député de la gauche libérale ne fut pas affable. Sur la chaise de roide acajou, le visiteur se crut accusé par des allusions et des ironies. L’homme maigre aux courts favoris ras multipliait les éloges exclusifs des Lyrisse. Dès les premières phrases, il assura qu’ils « étaient de la même trempe » que le colonel Héricourt.

― Je dépends de mon tuteur, ― insinuait Omer ; ― et on m’interdit de correspondre avec le capitaine, qui est l’homme du monde que j’aime et que j’estime le plus. Me voici précisément, mon général, afin d’obtenir que vous lui fassiez savoir la constance de mon dévouement.

Ces mots calmèrent la malveillance du général. Il remercia et se chargea de la commission. Alors, et par politesse, Omer vanta le don somptueux de la vierge espagnole rapportée en 1812, au château de Lorraine, par son oncle Edme, qui la tenait du général Pithouët.

― Si ma poupée de Séville vous avait inspiré des sentiments contraires à ceux du colonel Héricourt, je