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Arrière la pitié et le scrupule ! Que la robe du prêtre interpose entre le vulgaire et moi le signe sacré. Je ne serai pas du troupeau ! » proclama-t-il devant la glace.

Il déboucha le flacon déposé là par les soins d’Aurélie ; il aspira le parfum qui chasserait de son esprit la puanteur des âmes. Édouard même lui déplaisait. Savant et fort, se pouvait-il avilir dans l’adoration d’une fille pareille, s’aveugler devant ces vices, cette gourmandise de sauvage, cette bassesse d’âme trop consciente de soi pour ne point prétendre se rehausser par l’outrance d’un faux orgueil ? Ah ! Il n’était pas digne de la tiare, ce « pourceau de Circé » ! Permettre que fussent rompues les fiançailles d’Édouard, c’était lui céder la place dans la Congrégation ; c’était lui rendre l’avenir épiscopal promis par le comte, par le fil de papier végétal qu’Omer à cet instant réduisit en miettes. Il brûla ces fragments à la chandelle.

Avant tout, l’utile était de plaire à l’oncle Praxi-Blassans, et d’acquérir de l’influence dans le milieu du Père Ronsin. Sans quoi l’avenir avorterait.

« Pour moi, pour les intérêts de la famille, que le général absorberait à lui seul, il importe que les projets de ma sœur échouent. D’ailleurs, j’accepte en legs les intentions de mon père. Le devoir est de les faire réussir par delà le tombeau. J’écrirai tout à ma mère demain. J’ouvrirai les yeux de ma tante Aurélie. Auparavant, je me renseignerai sur l’oncle Augustin en faisant visite au général Pithouët, l’ami de mon père et du général Foy ! »

Ces résolutions prises, le jeune homme s’estima grand politique. Il les notait en ordre, au crayon, sur des tablettes. Une fois couché, il se commanda de n’y songer plus, et bâtit là des conjectures sur la carnation de la personne qui, d’après la teneur du billet, s’offrirait au rendez-vous du lendemain. Il s’endormit