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XVI

« Adonis ne dédaigna point l’amour de la grande Diane. Ne permettrez-vous pas à une mortelle, demain, au lever de la lune, de venir baiser votre front qu’elle adore depuis la fête du faubourg Saint-Honoré ? ― Aloyse. »

Omer examina la cire de ce billet et crut qu’une lame chaude l’avait déjà fendue. La trace plate, vernie, demeurait visible. Toutefois, il n’en acquit point la certitude. Alors, il alla fermer au verrou la porte de sa chambre. Il brisa le sceau rouge, relief épais d’une marguerite, en le frappant avec le manche du canif. Une boulette se dégagea d’une fêlure. Il la put extraire puis dérouler, infime et minuscule. Cela formait une bande ténue de papier végétal à peine plus large qu’un fil de laine. Omer dut prendre une loupe pour déchiffrer ces mots écrits à la pointe d’une aiguille : « M… reçoit en route des courriers d’Alexandre qui blâment les timidités de M. de Villèle. M… est l’agent du tsar. »

Après avoir scrupuleusement épelé, relu le message, il appuya la tête sur un coussin de l’ottomane, songea. Il lui parut nécessaire de mener à bien cette intrigue dont le diplomate lui remettait les fils. Réussir en cela devenait plus urgent depuis l’amour de la sœur pour le général. Amour moins réel, sans doute, au cœur de la jeune fille, que son envie de quitter une maison où