Page:Adam - L’Enfant d’Austerlitz (1901).djvu/462

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

le matin, après la leçon d’équitation, aller à l’hôtel du général, pour y travailler. Après dîner, il aura le loisir de la promenade… Je prends congé, messieurs. Serviteur !

Les cousins ne s’attardèrent pas dans la maisonnette, Édouard voulut rejoindre Denise à leur campagne de Saint-Cloud.

― Elle est divine quand elle s’avance, une rose à la main, par les allées du parc. Elle semble une immortelle, que la faux du temps n’effleurera jamais ; elle paraît aussi éternelle que la magnificence du firmament et les chants harmonieux de la nature environnante. Elle triomphe de la mort… Il faut que je la revoie, allons prendre des chevaux au faubourg Saint-Honoré, et galopons jusqu’à Saint-Cloud.

En effet, ils rencontrèrent Denise dans une allée du parc, non loin des communs. Elle ne tenait pas à la main une rose, mais un pilon de volaille qu’elle rongeait en marchant, et son visage portait quelques souillures de graisse rôtie. N’ayant pas reconnu d’abord les cavaliers, elle continua de satisfaire, en chantonnant, une gourmandise qui lui gonflait la joue.

― Quelle charmante, quelle pure, quelle délicieuse simplicité ! ― murmura la passion de l’adolescent.

Omer retrouvait la sœur telle qu’aux jours d’enfance, lorsqu’elle volait à la cuisine, durant les absences des domestiques, et qu’elle recevait, ensuite, le fouet dans la lingerie. À la vue de son cousin, elle jeta l’os de poulet, avala d’un coup, au risque de s’étouffer, ce qui demeurait en sa bouche, et s’essuya les lèvres, avec promptitude, mais ne s’excusa point, ni ne rougit.

Au dîner, elle ne parut pas avant le second service, entra, toute fardée, avec un petit chien de six semaines qu’elle fit laper dans son assiette. Tante Aurélie, doucement, lui représenta que cela choquait la politesse. Aigrement, Delphine renchérit sur le blâme. Les deux filles se disputèrent :