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état de remplacer partout le vétéran. Je me moque de M. De Bellemont qui était à Coblentz et qui combattit contre nos légions, sur le Rhin, dans l’armée des tyrans germains, franks et kalmouks. Quand il est revenu dans les fourgons de l’étranger, son Caligula avait reconnu la Charte qui nous assure la libre jouissance des biens et des lois de la Révolution. Si l’on veut y toucher, nous décrocherons encore une fois nos boucliers et nos glaives dans le temple de Janus.

« À ce propos, je te dois des nouvelles de mon fils, puisque tu as promis de ne lui plus écrire. Cela te regarde. Tu es un enfant, à qui l’on en impose avec des promesses. Reste à savoir celles que le chevalier de Saint-Louis et le pair de France pourront tenir d’ici dix ans. Il est vrai qu’à cette heure ils nous exterminent. Ça ne durera pas toujours. Edme se porte à merveille, sauf une estafilade à la main. Il l’a reçue en juillet, dans une algarade à Madrid, sur la place de la Constitution, entre les gardes du corps absolutistes et les « Exaltés », dont nous sommes. La chaleur envenima la plaie ; et elle se guérit mal, pour se rouvrir souvent. Ça ne l’empêche pas d’aller et venir. Le petit Omer pousse à ravir, mais la maman a les fièvres romaines. Auparavant, elle prononçait quatre paroles en douze heures ; maintenant elle ne souffle plus mot.

« Edme, lui, en contumax allègre, attend la peine de mort. Dame nature l’avait aussi condamné à cela dès la naissance, à ce qu’il assure, et la cour d’assises de la Vienne ne lui apprendra rien là-dessus. Il se plaît à vivre dans le seul coin d’Europe où, depuis Novare et le massacre de Chio, la liberté respire encore : car en juillet, la milice de Madrid a mis vertement à la raison la garde royale et Ferdinand VII ; et nous avons aidé à cette besogne. Aussi le roi signe, sans regimber, les motions libérales, ce dont enragent les prélats, trappistes, dominicains, inquisiteurs et autres moines,