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doute ouï dire qu’il marcha depuis Thouars jusque Saumur, en compagnie de quelques pauvres égarés brandissant le drapeau de l’usurpateur et pensant soulever ainsi la population de cette ville ou entraîner les élèves de l’École de cavalerie dans leur complot. Apprenez ici leur folie. Au pont de Saumur, Berton et votre oncle ne se purent concilier, sur le principal de l’affaire, avec la municipalité et la garde nationale, ceux-là ne voulant pénétrer que si la révolte éclatait d’abord au dedans, et celles-ci refusant de se compromettre avant que d’avoir vu les bonapartistes parcourir leurs rues, les armes à la main. Or les uns et les autres se séparèrent sottement, après avoir discuté par-devant le sous-préfet, six heures d’horloge. On ne joue point sa tête avec plus de niaiserie. Cent soixante personnes sont arrêtées déjà. Le général et moi avons eu bien de la difficulté à faire en sorte que le capitaine pût gagner La Rochelle et s’embarquer pour l’Espagne, où il a des amis ; non sans avoir essayé dans ce port des extravagances, en compagnie de sergents du 45e de ligne, desquels l’un déjà est sous les verroux. En conséquence, nous vous mandons qu’il faut cesser toute correspondance avec votre oncle, à qui je communiquerai moi-même de vos nouvelles.

« Veuillez croire, monsieur mon neveu, à mon affection ferme et dévouée.

« GAËTAN, COMTE DE PRAXI-BLASSANS. »