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mère, sur le choix de votre profession, qui sera donc la prêtrise, à moins que vous n’alliez à l’encontre des volontés de ma belle-sœur, de sa fille Denise, votre sœur, et des vénérables intentions de votre père.

« Enfin, et en troisième lieu, nous avons appris que vous demeuriez en rapports constants avec le capitaine Lyrisse. Cela ne peut continuer. Dans une perquisition faite en sa maison de Saumur par la police de Sa Majesté, on a trouvé des lettres de vous tout à fait intempestives. M. le préfet de police a bien voulu me les faire remettre fort obligeamment, par égard pour l’inexpérience de votre jeunesse. L’effet n’en fut pas moins déplorable auprès de nos familiers. Je ne me soucie pas de condamner M. Lyrisse sur des imaginations funestes. Il partage l’humeur de tous les officiers qui comptèrent parvenir aux plus hauts grades par les chances de la guerre et que déçoit la paix consécutive à la ruine de leur maître. Leurs vues sont toutes bornées à cet ennui, et leur manie qui s’agite prétend bouleverser le monde pour leur gagner des croix, des dotations et des duchés impromptus. Ils cachent cet appétit sous d’assez pauvres déclamations, qu’on n’écoute guère, au reste, puisque toutes leurs conspirations de théâtre avortent piteusement grâce à la franchise des sujets loyaux épris de paix. Je m’étonnerais que vous ayez pu vous abandonner à entendre ces discours, si je ne savais aussi quelles autres séductions le capitaine Lyrisse utilise auprès de vous. M. le préfet du Pas-de-Calais eut la bonté de m’en avertir. Rien ne me demeure inconnu des turpitudes de votre libertinage. Il importe d’y mettre un terme incontinent.

« Aussi bien, la Providence veut-elle vous dérober à une influence pernicieuse. Avant-hier, le capitaine fut forcé de quitter avec précipitation le territoire français pour se garder de la police qui le recherche comme un des complices du général Berton, duquel vous avez