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railles… j’avais, en manière de consolation, la promenade à la basilique de saint-Antoine, et m’y traînais au moyen de béquilles. Mais des essaims de mendiants vous poursuivent sur les marches de l’autel, et il faut les satisfaire si l’on ne veut recevoir une grêle de cailloux à la sortie. " dès que je le pus, je hissai mon porte-manteau en croupe d’une haridelle qui me porta tant bien que mal à Milan ; j’y trouvai enfin une honnête auberge, non loin du Dôme. La polenta, de l’eau glacée, un vin du Vésuve et une accorte gouvernante piémontaise m’aidèrent à passer le temps de cette convalescence difficile. J’eus l’honneur de donner plus tard à beaucoup d’officiers la lumière des philadelphes, dans la loge ouverte par moi au début de mon séjour. Elle essaimait dans toutes les garnisons d’Italie. Nombre de militaires descendaient à mon auberge : je les décidai facilement à reconnaître l’excellence de notre association, qui réservait des appuis à chaque officier dans les villes inconnues où l’amenait le sort de la guerre. Il suffisait de se rendre à la loge, fût-ce en Allemagne, en Pologne ou en Moravie, pour rencontrer des amis chauds, recueillir les indications relatives au gîte et aux vivres, obtenir même le crédit chez les fournisseurs affiliés, sans compter les bons propos des frères fidèles à l’esprit de la révolution. " en ce temps-là, les mouvements de troupes ne cessaient guère : je vis passer dans notre atelier presque toute l’armée de l’empire, cavalerie venue à la remonte vers la fin des campagnes, infanterie se dirigeant, par le Tyrol, vers les camps d’Autriche. Avec quelques officiers jadis intronisés à Paris dans le 33e grade écossais, nous formâmes un suprême conseil affilié à l’ordre de Misraïm, qui compta parmi ses membres, Duroc, Masséna, Lauriston, Macdonald, qui donna le mot d’ordre à toutes les armées, qui choisit