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s’assemblaient, Omer avisait une modiste dont il eût agréablement tâté la poitrine tiède, à travers les boutons du corsage, le soir dans les sombres ruelles, loin du réverbère. Elle était parmi celles qui épinglèrent des bouquets de chrysanthèmes contre les draps de lit crachant les lézardes et les souillures des façades. Le soleil dora les plaques des schakos militaires alignés jusqu’au reposoir terminant la montée de la voie. « Parquet ! Parquet ! » Les gamins chargés de gerbes, coururent poursuivis par les agents de police de qui les gourdins embarrassaient l’élan ; ils retenaient aussi leurs chapeaux instables, sur leurs crânes. Alors dans la rumeur de la foule détournée, aux commandements de « Présentez les armes », les bonnets à poil des gendarmes survinrent avec leurs panaches blancs selon la mode de Henri IV, leurs baudriers jaunes, leurs chevaux lourds au pas. Quelques fenêtres s’ouvrirent encore. Des mains agitèrent de légers mouchoirs. La musique d’infanterie jouait Le Beau Dunois, au rythme d’une gloire sautillante.

Mais la musique se tut et les voix des chantres montèrent. Offrant la broderie d’un calice en or couronné d’épines, une bannière de velours oscillait au bout d’une hampe. Des rubans bleus en descendaient tenus par les mains de fillettes, à frisures, qu’enguirlandaient des roses artificielles. Les files d’orphelins succédèrent ; et leurs habits à queue brève, leurs cheveux pommadés, leurs cravates de satin rose, leurs gants de coton neuf. Ces jeunes rustres balançaient des cierges économiquement éteints. Sous le tulle de longs voiles, d’étiques laiderons scandaient les litanies de la Vierge que trahirent les différences de leurs faussets. Les missels tremblaient dans leurs doigts. Angles verts, aurore et bleus, des rubans hiérarchiques barraient les pèlerines plates des pensionnaires que guidaient, mains jointes, des Dominicaines entraînant de longs