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défendissent des politiques contraires. Dans l’incertitude, il se rendormit.

Sans autres aventures, aux portes de Reims, les marchands prirent congé de lui. La même pluie continua de noyer les coteaux et les plaines de la Champagne, puis les bois de Lorraine.

Au réveil, les pavés de la route royale se prolongèrent dans la cité qu’éclairait une brève illusion du soleil.

Les brasseurs roulaient leurs tonneaux dans un faubourg lépreux envahi par les beuglements des vaches et les voix de mille cloches criant allégresse. Puis ce fut l’ossature géante de la ville, les murs noircis des contrescarpes, les parapets de briques, et les gazons rectangulaires des talus aux embrasures vides qu’effleuraient de leurs cimes les hauts arbres plantés sur les bords du ruisseau coulant par le fond des remparts. Une passerelle enjambant l’abîme de défense, sonna sous le pas des chevaux, quand ils eurent franchi la guérite du péage. Mais les soldats du génie tournaient déjà les grandes roues encastrées dans les pilastres de la porte, et qui servaient à mouvoir les chaînes du pont-levis. On fermait les portes ; la procession sortait de la cathédrale à cet instant même, comme l’indiquaient les tumultes des carillons partout en branle sur la cité. Aucune circulation profane ou mercantile ne devant troubler les cérémonies religieuses, la ville restait interdite, durant ces heures pieuses, aux diligences, aux voitures maraîchères, aux tombereaux des fabriques, aux porteurs de fardeaux. On fit passer vivement le coche sous les voutes de briques, dans un dédale sombre percé de meurtrières, sous des voûtes encore. Derrière, les battants de bronze furent clos. On s’arrêta sur la pente du chemin de ronde. La troupe barrait la rue de ses uniformes blancs et de ses buffleteries blanches, de ses baïonnettes nues. Parmi ses pareilles qui