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nées, la valeur… ", tandis que le bonnetier chantonnait : grâce à la vigne, unissons pour toujours l’honneur, les arts, la gloire et les amours cette allusion à l’ébriété possible qu’eût déterminée le vin mousseux indigna le fils du colonel Héricourt. Certes il n’était pas, la veille au soir, dans son état ordinaire, mais de pareilles vapeurs n’avaient pu qu’accroître les dons de sa parole, non l’inspirer toute. Plus il songeait à son rôle de causeur historien, philosophe et politique, plus il admettait la précellence de ce mérite sur tous ceux adoptés jusqu’alors par sa personne. Il n’avait émis que les meilleures idées du bisaïeul, du père Anselme et de l’oncle Edme, lesquelles n’étaient point sottes, à coup sûr ! Les gens du commun avaient pu s’y méprendre, parce que l’ivresse seule délie la langue de leurs parents et amis. Entendre habilement discourir un jeune garçon, à l’âge où ils n’étaient eux-mêmes que des écoliers ignorants et timides, avait surtout excité la sotte jalousie de leurs médisances. Il convenait de s’en peu soucier. Dédaigneusement, Omer se blottit, ferma les yeux, entre les ronflements paisibles du bonnetier et de son épouse. Lorsqu’on trouva dans une auberge de la route les gazettes apportées par la malle-poste, Omer Héricourt jugea bon de les acheter toutes, en homme avidement préoccupé des querelles publiques. Cet acte confirmait, pour les spectateurs, la sincérité de son apostolat ; et les railleries s’éteignirent. Pour lui, remonté en sa place, il entreprit courageusement l’étude et la comparaison des thèses soutenues par la quotidienne, le drapeau blanc, le journal des débats, le constitutionnel, la minerve. à vrai dire, chacun des articles lui sembla doué de raisons égales en valeur, bien qu’ils