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t’imaginer, quelque jour, quelles têtes portaient ces gens-là quand ils avançaient au son des musiques dans les villes conquises. Leurs culottes étaient boursouflées d’or ; les florins et les thalers marquaient en bosses sur leurs cuisses, et sonnaient dans leurs gibernes. Ils achetaient Bacchus, et mataient Vénus à leur aise. Ils ont roté, dans toutes les capitales de l’Europe, sur le sein des belles. S’ils étaient demeurés au fumier de leurs villages et à l’engrais comme des pourceaux malades, qu’auraient-ils connu ? " heureusement qu’il y en a d’autres que ces jean-f… ! Nous avons trouvé céans, à Saumur même, de braves amis décidés à ne pas laisser rouiller, sur leur poitrine, la croix d’honneur. Avant peu, je gage, tu entendras parler de notre chevalerie nouvelle. C’est une chance d’être tombés ici. " on t’a entretenu de nos croisières. Chez les engliches, nous sûmes, G… et moi, comment, grâce au comte de P… ― B…, ces messieurs de la congrégation ne voyaient goutte dans notre affaire. D’abord nous nous proposâmes de faire route pour l’Italie. Plusieurs étudiants de Paris, exilés là-bas depuis les événements, nous invitaient à les rejoindre à Naples, et à y prendre rang dans l’armée constitutionnelle : on y est sensible au double avantage de servir contre la sainte-alliance de Troppau et de dépister les mouchards de s. M. T. C. Seulement, nous lûmes dans les gazettes que le commandant Bérard n’avait vendu qu’à demi ses frères d’armes, dont nous sommes : alors nous avons répondu à quelqu’un qui nous faisait signe en France. Les policiers d’Albion tiennent boutique de passeports hanovriens à bon compte, ce qui nous permit d’embarquer à Plymouth, de débarquer à La Rochelle. " fouette postillon ! Nous arrivâmes à Saumur pour soutenir messieurs les libéraux et la garde nationale, qui voulaient offrir un banquet à cette vieille poule de