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ponne en longue chemise de nuit, quand la servante poursuivait avec la sébille et l’éponge afin de laver le frais museau pour la prière du soir.

Ensemble ils explorèrent la vieille maison et ses placards oubliés, lorsque les pluies d’automne attristaient les heures, lorsque les nuages entouraient d’ombres violâtres et grises les couleurs plus éclatantes des prairies, des pommiers, des murs. Par les étranges, les interminables corridors, les revenants descendus des cadres, où se cambrent, une mouche à la lèvre, des dames d’antan, et les marquis à perruques, eussent pu maintes fois apparaître. Là, le vent aboie comme le loup-garou. Omer, Elvire fuyaient ensemble l’Invisible dans les escaliers vermoulus, et bien qu’il niât, lui, l’effroi qui gelait ses os. Forts, d’être deux, au moins, à frissonner, les yeux grandis, ils affrontaient les habits pendus dans les angles obscurs des garde-robes, ainsi que des morts omis là, par mégarde. La rassurant, le collégien affermissait son courage équivoque.

Souvent il expliquait, au salon, le sens des gravures. Et, parce qu’Elvire questionnait, la tante Caroline et Mme  Gresloup devinrent un auditoire approbatif. Nul ne savait aussi bien que lui les mythologies et l’histoire. Dieudonné l’avoua même. Et, toute une quinzaine de septembre, Omer cessa d’être le faible, car il put expliquer, en outre, après la lecture de la Quotidienne et du Journal des Débats, quelles causes politiques obligeaient les monarques de la Sainte-Alliance à se réunir à Troppau pour combattre les carbonari de Naples, victorieux de leur roi. Mme  Gresloup et la tante Cavrois le louèrent de cette science.

De cette même gloire, il sut à la jeune Elvire une vive gratitude. L’amour le faisait enfin admirer. Ce que ni les camarades, ni les maîtres, ni l’indulgence de sa mère, ni la camaraderie de l’oncle Edme lui avaient valu, la chaste tendresse d’une petite fille l’offrait sou-