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moins charmant camarade. Il ignorait la morgue du comte de Praxi-Blassans, la sévérité bienveillante de son père, le général Lyrisse, les dédains du colonel Augustin Héricourt envers les petits, et même les impatiences séniles du bisaïeul. Bourru, mais rieur, il admettait entière la joie de vivre. Or, la carnassière au dos, le fusil en sautoir, et inébranlable sur l’alezan délicat, il chevauchait là, satisfait du neveu devenu, en quelques jours, tel que son âme. Omer Héricourt ne désirait rien de mieux que ce beau suffrage. Il aima plus encore sa jument Fly. N’était-il pas cavalier de même, dragon futur, peut-être ? Il se passionna pour la chasse. ― sois fort, petit… sois fort. Il y a de grandes choses à l’horizon, disait Edme Lyrisse, un matin… et toi aussi, tu pourras, si tu veux… hé, là ! Pyrame, l’épagneul, commença de quêter, la queue battante ; bientôt sa recherche fut plus vive ; les chasseurs empoignèrent leurs fusils. Pyrame s’aplatit, le museau tendu, les yeux fixes. Le neveu arrêta son cheval, et palpita, l’expiration retenue. Un bond roux jaillit du trèfle. Vers le lièvre qui détalait, vers sa queue blanche, la mire du fusil, point noir, dansa devant l’œil anxieux de viser juste. Omer voulut ne presser que lentement la détente. Mais voir fuir l’énerva. Les choses se brouillèrent. La secousse de la décharge ébranla son épaule, l’étourdit, enfuma tout… quand il revit clair, emporté par son cheval, le lièvre diabolique s’évertuait au loin dans les champs. Ayant rabattu leurs oreilles les lévriers partirent. Ils ne furent aussitôt que deux mouvements rapides, gris, serpentant, déjà lointains. Comme l’oncle, l’enfant éperonna son anglaise. Elle prit son petit galop coutumier. Le lièvre disparaissait derrière les touffes, ressurgissait au relèvement du terrain, devant les corps pointus des chiens. Sa monture